S’élever autrement
La quête d’états supérieurs…
Face à une consommation de drogues en pleine expansion, une question demeure : que cherchent vraiment les êtres humains ? Et pourquoi ignorent-ils encore que les états élevés existent déjà en eux ?
Je suis frappée — et profondément attristée — de constater à quel point la consommation de drogues continue de progresser, malgré les décennies de prévention, d’information et d’accumulation de connaissances sur leurs effets.
Ce phénomène n’est pas qu’un problème sanitaire : c’est un miroir tendu à notre époque, à nos manques, à nos angoisses et à nos désirs les plus archaïques.
La question que peu osent poser est pourtant la plus essentielle :
que viennent les gens chercher dans ces substances ?
L’illusion d’un état supérieur
Les drogues, quelles qu’elles soient, promettent de modifier l’état interne : intensifier le plaisir, apaiser la tension, anesthésier la douleur, offrir une brèche vers un ailleurs, un “plus haut”, un “plus fort”, un “plus doux”.
En psychanalyse, nous savons combien l’être humain est habité par une quête d’élévation — non pas au sens mystique nécessairement, mais au sens d’un élargissement de la conscience, d’un accès à quelque chose qui dépasse l’ordinaire.
Ce que beaucoup cherchent dans la substance, c’est un raccourci vers une expansion psychique.
Ce que l’on oublie : l’introspection est une voie d’élévation, et elle est à portée de main
Ce qui m’attère, c’est de constater que tant de personnes ignorent encore que le travail intérieur — techniques profondes intérieures (introspectives, yogiques, tantriques, psychanalytiques)— ouvre précisément ces espaces qu’elles tentent de forcer chimiquement.
L’introspection n’est pas une pratique abstraite ou ésotérique.
Elle transforme réellement l’expérience intérieure :
elle ouvre l’accès à ses émotions profondes,
elle apaise les tensions psychiques,
elle élargit la compréhension de soi,
elle rend possible des états de clarté, de présence et même de joie intense.
Les états de conscience « élevés » existent sans substance, mais ils demandent un engagement, une patience, une rencontre avec soi.
Beaucoup préfèrent l’illusion instantanée au chemin intérieur, souvent plus exigeant.
Pourquoi ce détournement vers les drogues ?
Parce que notre société valorise l’immédiat, le spectaculaire, l’intensité rapide.
L’introspection, elle, travaille dans le temps long.Parce que l’idée même de se confronter à soi effraie.
Il est plus facile de modifier chimiquement son état que de rencontrer les parts blessées, refoulées, enfouies.Parce que beaucoup n’ont jamais appris qu’ils pouvaient se sentir mieux de l’intérieur, sans artifices.
Plaider pour un retour au dedans
Ce billet n’a rien d’un jugement moral.
Il est un appel :
un appel à revaloriser l’exploration intérieure, la transformation psychique, la capacité humaine à créer ses propres états d’apaisement ou d’intensité sans passer par la consommation.
La psychanalyse, la méditation, les pratiques yogiques, énergétiques — tout cela constitue un chemin réel vers une qualité d’être que les substances ne donnent qu’en trompe-l’œil.
Ce que beaucoup cherchent à l’extérieur existe déjà en eux.
Il est temps, peut-être, de remettre la conscience au centre, et de redonner au voyage intérieur la place qu’il mérite.
Ma pratique : ouvrir des espaces intérieurs que beaucoup ignorent encore
Ma pratique ne se limite pas à l’écoute analytique classique. Ni aux cours de yoga comme activité de relaxation.
Elle va plus loin, parce que l’être humain va plus loin.
En tant que psychanalyste intégrative, professeure de yoga, j’accompagne vers des états intérieurs que la plupart ne soupçonnent même pas.
Mais qu’on ne s’y trompe pas :
ces états ne sont pas des raccourcis.
Ils demandent du travail, du courage, et parfois de véritables changements de vie.
On ne grimpe pas vers la clarté intérieure sans s’alléger, sans se libérer, sans se transformer.
C’est l’enjeu de l’époque actuelle : l’ascension humaine ou l’effondrement.
Notre monde arrive à un point de bascule où chacun sent, plus ou moins confusément, que rester au même niveau de conscience ne suffit plus. Les crises successives — sociales, écologiques, psychiques — ne sont pas seulement des “problèmes” extérieurs : elles reflètent un trouble intérieur collectif, une perte de sens, une déconnexion profonde de soi.
Soit nous continuons à chercher des échappatoires rapides qui nous détruisent et fragmentent encore davantage notre psychisme.
Soit nous choisissons l’autre voie : celle de l’élévation, de l’approfondissement, de la lucidité, du courage d’aller en soi pour retrouver une qualité d’être capable d’affronter ce siècle.
L’ascension humaine n’est pas une idée abstraite : c’est un mouvement réel, intime, exigeant, dans lequel chacun peut apprendre à transformer ses émotions, sa conscience, ses automatismes, sa vitalité. Une expansion vers plus de présence, plus de clarté, plus de responsabilité intérieure.
À l’inverse, refuser ce travail, chercher des palliatifs, et continuer à vivre coupé de soi, mène tôt ou tard à l’effondrement — individuel et collectif.
Nous sommes arrivés au moment où l’être humain doit choisir :
croître… ou chuter.
S’éveiller… ou se perdre.
S’élever intérieurement… ou se dissoudre dans l’angoisse et les illusions.
C’est là, précisément, que se joue notre époque.

